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.Aucun domaine précis ne justifie que nous y fassions nos preuves.Aux dires de Peter, rien ne nous emmerde plus que quand un camé shooté jusqu’aux yeux, un clodo paresseux ou un pervers pleurnichard créent un chef-d’œuvre.Comme par accident.Un quelconque imbécile qui n’a pas peur de dire ce qu’il aime vraiment.« Platon », explique Peter, et il tourne la tête pour expédier un glaviot de bave verte dans les herbes.« Platon a dit : « Celui qui approche le temple des Muses sans inspiration aucune, convaincu que la maîtrise du savoir-faire à elle seule suffit, ne sera jamais qu’un piètre artisan et sa poésie présomptueuse sera obscurcie par les chants des déments.» »Il s’est collé un nouveau brin d’herbe dans la bouche qu’il a mâchonné en disant : « Et qu’est-ce donc qui fait de Misty Kleinman une démente ? »Ses maisons et rues pavées imaginaires.Ses mouettes tournant en cercles au-dessus des barques à leur retour de parcs à huîtres qu’elle n’avait jamais vus.Les jardinières aux fenêtres débordant de gueules-de-loup et de zinnias.Putain de Dieu, pas question qu’elle aille un jour peindre ces merdes.« Maura Kincaid, explique Peter, n’avait jamais tenu une brosse à peindre avant l’âge de quarante et un ans.» Il s’est mis à sortir les pinceaux de la boîte en bois pâle avant d’en tordre les soies pour les redresser.Il a dit : « Maura s’est mariée avec un bon vieux charpentier de Waytansea Island et ils ont eu deux enfants.» Il a sorti ses tubes de couleurs, qu’il a posés à côté des brosses, là, sur la couverture.« Il a fallu attendre le décès de son époux, a précisé Peter.Ensuite Maura est tombée malade, gravement malade, la tuberculose ou quelque chose d’autre.À cette époque-là, quarante et une années faisaient de vous une vieille dame.» Il a fallu attendre le décès d’un de ses enfants, a-t-il ajouté, pour que Maura Kincaid peigne la première toile de sa vie.Il a précisé : « Peut-être que les gens doivent réellement souffrir avant de pouvoir courir le risque de faire ce qu’ils aiment.» Tu as raconté tout ça à Misty.Tu as expliqué que Michel-Ange était un maniacodépressif qui s’était représenté en martyr flagellé dans une de ses peintures.Henri Matisse a abandonné l’idée d’être avocat à cause d’une appendicite.Robert Schumann n’a commencé à composer qu’après que sa main droite se fut paralysée, mettant ainsi fin à sa carrière de pianiste de concert.Tu étais occupé à fourrager dans ta poche en expliquant ça.En train d’en extirper quelque chose.Tu as parlé de Nietzsche et de sa syphilis tertiaire.De Mozart et de son urémie.De Paul Klee et de la sclérodermie qui lui a rétréci les articulations et les muscles jusqu’à ce que mort s’ensuive.De Frida Kahlo et du spina-bifida qui lui couvrait les jambes d’ulcères.De lord Byron et de son pied bot.Des sœurs Brontë et de leur tuberculose.De Mark Rothko et de son suicide.De Flannery O’Connor et de son lupus.L’inspiration exige maladie, blessure, folie.« Aux dires de Thomas Mann, a expliqué Peter, les grands artistes sont de grands invalides.»Et là, sur la couverture, tu as déposé quelque chose.Là, au beau milieu des tubes de couleurs et des brosses à peindre, est apparue une grosse broche en fausses pierres.Aussi grosse qu’un dollar d’argent, avec des brillants en verre transparent, de minuscules miroirs polis sertis en rosace de jaune et d’orange, tous voilés et marqués d’éclats.Là, sur la couverture écossaise, elle semblait faire exploser les rayons du soleil en myriades d’étincelles.Le métal était d’un gris terne, agrippant les fausses pierres de ses minuscules dents pointues.Peter a demandé : « Est-ce que vous entendez ce que je dis ? »Et Misty s’est saisie de la broche.L’éclat s’est réfléchi droit dans ses yeux, et elle a été aveuglée, éblouie.Déconnectée de tout ce qui se trouvait là, le soleil et les herbes.« Elle est pour vous, a dit Peter, pour l’inspiration.» Misty, son reflet apparaissait fracassé des dizaines de fois dans chaque faux brillant.Un millier de fragments de son visage éclaté.Aux couleurs étincelantes qu’elle tenait à la main, Misty a déclaré : « Alors dites-moi.» Elle a demandé : « Comment le mari de Maura Kincaid est-il décédé ? »Et Peter, ses dents toutes vertes, il a craché vert dans les hautes herbes alentour.Sa croix noire sur la figure.Il a léché ses lèvres vertes de sa langue verte, et Peter a répondu : « Un meurtre.» Peter a précisé : « Ils l’ont assassiné.» Et Misty s’est mise à peindre.6 juilletPour information, juste au cas où, sache que la vieille bibliothèque dégueulasse avec son papier peint qui pèle à chaque raccord et ses mouches mortes à l’intérieur des globes en verre givré du lampadaire au plafond, tout ce dont tu es capable de te souvenir est toujours là.Si tu es capable de t’en souvenir.Le même globe terrestre minable, jauni couleur de soupe.Les continents entaillés à des endroits comme la Prusse et le Congo belge.Ils ont toujours le panneau encadré qui dit : « quiconque sera pris à vandaliser les ouvrages de la bibliothèque se verra poursuivi en justice.»La vieille Mme Terrymore, la bibliothécaire, elle porte toujours les mêmes tailleurs en tweed, sauf que maintenant elle arbore un insigne au revers aussi gros que sa figure qui dit : « rejoignez un nouvel avenir grâce aux services financiers owens landing ! »Ce qu’on ne comprend pas, on peut lui faire dire n’importe quoi.À travers toute l’île, les gens portent le même genre d’épinglette ou de T-shirt, vantent et vendent une marque quelconque.Ils y gagnent une petite récompense ou un peu d’argent liquide s’ils sont vus en train de les arborer.De transformer leurs corps en panneaux publicitaires.De se coiffer de casquettes de base-ball ornées de numéros de téléphone : 1-800.Misty est ici en compagnie de sa fille, à essayer de dénicher des ouvrages sur les chevaux et les insectes, des livres que le professeur de Tabbi veut que la petite ait lus avant d’entamer son année de cinquième à la rentrée d’automne.Pas d’ordinateurs.Pas de connexions à l’Internet ou à des terminaux de bases de données signifie pas d’estivants sur les lieux.Les latte, des cafés au lait non autorisés.Pas de cassettes vidéo ni de DVD à emprunter.Tout ce qui dépasse le murmure n’est pas autorisé [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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